La fontaine de Saint Julien

Canton de Brioude- France

A 1500 mètres environ de Brioude, sur la route de Clermont, on voit encore les vestiges de l'ancien couvent des Minimes. Auprès du bâtiment qui constituait jadis le monastère des religieux, se trouve la fontaine dite " de Saint Julien ". C'est là qu'en l'an 304, lorsque les soldats de Crispinus eurent tranché la tête du saint martyr qui s'était réfugié dans le lieu voisin de Vinzelle, son chef ensanglanté fut lavé, avant d'être emporté à Vienne. L'eau de cette fontaine, tout empourprée du sang de Saint Julien, devint aussitôt un lieu de pèlerinage célèbre ; et Grégoire de Tours, le grand historien des Gaules au VIe siècle, lui a consacré les lignes suivantes, que nous traduisons textuellement : " Au lieu même où le bienheureux martyr fut frappé est une belle et agréable fontaine, qui donne en abondance les eaux les plus douces, et dans laquelle les persécuteurs lavèrent sa tête après l'avoir tranchée. Ces eaux guérissent beaucoup de maladies. Souvent les aveugles, après en avoir humecté leurs yeux, recouvrent la lumière. Ceux qui souffrent des ardeurs de la fièvre tierce ou de la fièvre quarte se sentent soulagés dès qu'ils en ont bu. Quiconque est atteint d'un mal grave et éprouve, par l'inspiration du martyr, le besoin de boire, de ces eaux, ,y retrouve aussitôt la santé, et le feu de la fièvre s'y éteint aussi rapidement que le ferait l'incendie d'un immense bûcher que l'on noierait sous les ondes. Le peuple se réjouit sans cesse des faveurs qu'il obtient par ses ardentes supplications à son glorieux patron : et ceux qui viennent en ce lieu dans la tristesse, s'en retournent dans la joie ". Grégoire de Tours déclare avoir expérimenté sur lui même l'efficacité de cette eau qui le délivra de violentes douleurs de tête dont il souffrait. Et il cite également le fait merveilleux arrivé à Saint Aridius (ou Yrieix), abbé d'Attane en Limousin, qui, après avoir rempli une petite bouteille de l'eau de cette source, s'aperçut en chemin qu'elle s'était épaissie comme du baume et qu'elle en avait pris l'odeur. La fontaine de Saint Julien a été recouverte, au XIIe siècle, d'un très élégant édicule voûté, de style roman, remarquable surtout par deux chapiteaux de face, qui en indiquent la date. L'eau, d'une pureté et d'une fraîcheur merveilleuses, y coule en abondance. Primitivement, la fontaine et la chapelle voisine de Saint Julien étaient confiées à la garde des prêtres choriers qui desservaient l'église Saint-Ferréol hors la ville. Ils furent remplacés en 1608 par les Religieux Minimes, que le Chapitre noble de Saint-Julien avait appelés à Brioude. A la suite d'un arrêt, rendu en date du 23 août 1644, les minimes furent tenus d'entretenir la " chapelle de Monsieur Saint Julien ", la fontaine sainte et les arbres qui l'entouraient ; il était impossible, en effet, de fermer ce lieu de pèlerinage où toute la ville se rendait soit par dévotion, soit dans un simple but de promenade . Cet état de choses dura , jusqu'à la Révolution, époque à laquelle le couvent des minimes et ses dépendances, y, compris la fontaine sainte, furent vendus nationalement (2 mai 1791). L'église du monastère, dédiée à Saint Ferréol, et la chapelle Saint-Julien furent détruites, mais la pioche des démolisseurs respecta la fontaine, et de nos jours encore, particulièrement pendant la neuvaine du 28 août au 5 septembre, nombreux sont les Brivadois qui vont accomplir leur pieuse visite en ce lieu tout imprégné de si glorieux souvenirs. Il nous est difficile de passer sous silence un détail relatif à la couleur des pierres qui forment la base de la fontaine de Saint Julien. Ces pierres sont, de leur nature, d'un rouge foncé imitant assez la coloration du sang, surtout au contact de l'eau, et comme on y distingue, par endroits, l'apparence de tâches, beaucoup de personnes croient voir dans cette circonstance une allusion spéciale au sang du martyr jadis mélangé à l'eau de cette source. Nous n'avons certes point la prétention de porter un jugement sur cette question ; nous nous contenterons d'affirmer le fait suivant : tous les ans, pendant la neuvaine de Saint Julien, on peut recueillir dans le bassin faisant suite à la fontaine diverses petites pierres portant, elles aussi, des tâches coloriées en rouge incarnat ; depuis 1906, nous recueillons nous-mêmes, chaque année, de ces petits cailloux (silex, quartz, granite, etc.) et nous avons constaté que les tâches en question restent encore très visibles et bien conservées ; elles ont, à s'y méprendre l'apparence de tâches de sang, surtout lorsqu'on les met dans l'eau. Encore une fois, nous nous bornons à une simple constatation, sans prétendre quoi que ce soit sur l'origine de cette coloration, assez curieuse par ailleurs.

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